Notes et transcription : chris-@-cinebis.org">Christophe Thill
LA COULEUR TOMBÉE DU CIEL
de Howard Phillips Lovecraft
QUATRE RECITS TERRIFIANTS : La Couleur tombée du ciel, L'Abomination de Dunwich, Le Cauchemar d'Innsmouth, Celui qui chuchotait dans les ténèbres. Seuls ceux qui ont des nerfs solides peuvent lire ce livre d'épouvante."Toutes mes histoires, disait Lovecraft, sont basées sur la croyance fondamentale selon laquelle ce monde-ci fut habité jadis par des êtres d'une autre race qui, pour avoir pratiqué la magie noire, perdirent leurs privilèges et furent chassés, mais continuent à vivre cachés près de nous, toujours prêts à reprendre possession de cette terre." [1]
CE NOUVEL EDGAR POE est un inconnu. Howard Phillips Lovecraft est mort dans la misère en 1937 à Providence, capitale de l'Etat américain de Rhode Island, la ville où le véritable Edgar Poe rencontra sa fiancée. Il y était né en 1890. Sa vie ressemble à celle de ses héros.
Il a huit ans quand son père meurt dans un asile d'aliénés. Il n'ira jamais à l'école. Il est grand, fort, et pourtant souffre d'une étrange maladie : une allergie au froid, à la paille, à tout ce qui vient de la mer. Il ne peut vivre que par une température de 30 degrés. S'il s'approche d'animaux empaillés, il devient écarlate et se couvre d'urticaire. Tout enfant, seul, il étudie avec passion l'astronomie. A sept ans, il fonde sa première revue, La Presse de Providence. Il y publie des versions de l'Odyssée qu'il écrit pour les enfants de son âge. Il fonde l' "Agence de police privée Providence". Plus tard il crée l' "Association des Journalistes amateurs". Parmi eux, il y a une veuve propriétaire d'un magasin de modes dans la 5e avenue à New York. Elle a dix ans de plus que lui. Il lui trouve une beauté "junonesque" et l'épouse en 1924. Allergique aussi à la vie de New York, il la quitte bientôt et retourne à Providence. Il passe ses dernières années à écrire des lettres de cinquante pages à ses amis. Ses lettres sont des contes fantastiques qui racontent ses cauchemars : "Une grande partie de ce que j'ai vécu, je l'ai rêvé".
SON PUBLIC, c'est l'Amérique populaire. Elle le lit dans les "pocket books" mais connaît à peine son nom. L'Amérique intellectuelle ne l'a pas mis à sa place de grand écrivain. Comme Edgar Poe, Lovecraft vient demander à la France sa consécration tardive. Il y a vingt ans que Jacques Bergier, professeur de sciences nucléaires, qui fut son correspondant [2], tentait de le faire connaître. Aucun éditeur n'en avait jamais voulu. C'est grâce aux soucoupes volantes et à la vogue de la science-fiction qu'il doit d'être la grande découverte de l'année.
Paris-Match, n°289, 9-16 octobre 1954, p. 82.
Notes :
1. On reconnaît la citation dite "de la magie noire". On sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'une authentique citation de Lovecraft mais d'une reformulation au style direct faite par un de ses correspondants et adoptée avec empressement par Derleth. Retour2. Il le prétendit en tous cas à de nombreuses reprises, et c'est la seule certitude qu'on ait à ce propos... Retour